Tension(s)

photo perso

Combat de tensions ou 8,6 de tension.

Elle est fatiguée .Non. Epuisée. Vidée par l’extérieur à l’intérieur. Visage terne. Hypotendue par trop de tension externe. Cerveau en manque d’oxygène. Point faible qu’elle connaît. Son précieux avantage : elle sait reconnaître les signaux d’alarme pour agir, faute de pouvoir réagir, avant que les neurones n’implosent.

Le pire : se retrouver assise dans sa douche emportée par des vertiges ou allongée sur le sol du salon à demi consciente,de peur de tomber et de se retrouver seule inanimée. Ne jamais revivre ça. Bien sûr il y a encore pire chez d’autres mais celui-là c’est son pire à elle. La paranoïa, l’apathie, l’appétit en berne, la fatigue mentale, l’irritabilité ou le désarroi, l’envie de rien sinon d’avoir envie. Ne pas mourir non, surtout pas, plutôt crever !Très envie de vivre pour elle et pour ceux qu’elle aime et parce que la vie est belle. Mais non. Inhibée.

Paralysée par cet ennemi sournois qu’il faut pourtant réussir à apprivoiser comme un ami puisqu’il est sa soupape de sécurité. Troublant ange gardien qui lui fait mal pour mieux la protéger, la mettre en garde. Elle doit accepter sa main tendue et comprendre qu’il lui parle. On lui dit qu’avec ses faiblesses elle ne doit pas dépenser autant d’énergie mentale pour les autres. Elle ne peut pas se le permettre. Pas assez de tonus cérébral. Mise en danger. Et pourtant, comment cesser d’être à l’écoute quand on est malgré soi enclin à l’empathie ou du moins désireux d’être là, de faire de son mieux pour ses proches, parfois même pour d’autres qu’on connaît moins. Stop. Le diagnostic est tombé. Comme un verdict. Elle doit « fonctionner » autrement…c’est comment autrement ? Son affectivité tremble souvent mais tant pis …elle ne connaît pas d’autre façon d’être. Peut-elle réellement apprendre ça ? Au risque de se trouver infantilisée par son désordre interne, elle ne sait pas garder ses distances. Et dire qu’elle a pourtant progressé ! Se préserver : ah ! Les grands mots ! Mais si c’était dans les gènes et qu’elle n’y pouvait rien ? Lâcher prise : ah ! Oui, celle-là aussi elle est bonne ! Prendre du recul. Filtrer les appels…

« Mais enfin, tu ne vas pas sauver la terre entière ! » Non, elle le sait et n’en a certainement pas la prétention.  . Quand on la remercie, elle remet ça de plus belle. Bienheureuse d’avoir pu apporter un léger mieux, elle se dit que ça valait le coup d’accorder de son « temps », d’’avoir été « là ». Couverte d’équimoses.Peu importe.Elle recommencera. Quand elle est maladroite et démunie elle s’en veut. Et voilà ! On n’attendait plus qu’elle : la culpabilité !

Elle ne fait rien pour les enfants du tiers monde, ni ne défend de nobles causes. Elle se soucie juste de son entourage et c’est à croire qu’elle n’est même pas assez performante pour si peu puisqu’elle en sort carpette. Elle se noie dans un verre d’eau. Quelle petite nature !Elle refuse néanmoins l’idée,surréaliste à ses yeux ,de cesser d’essayer de faire le peu qu’elle fait. Qu’on l’en empêche et elle ne sera plus rien.

6 novembre 2009 , entre 22 et 23h00 heure locale.